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« J’utilise un canon pour semer des cultures fourragères »

Deux opérateurs sont nécessaires pour utiliser l'hydroseeder. Généralement, ce sont Roland Empereur (à droite) et son salarié Alix Cote (à gauche) qui se chargent des chantiers de semis.

L’ETA des Cimes utilise depuis 2018 un hydroseeder afin d’implanter de la semence fourragère dans les endroits les plus escarpés pour nourrir les troupeaux d’alpages.

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Roland Empereur, fils d’agriculteur, a lancé son entreprise de travaux agricoles en 2016. Celle-ci est installée sur la commune de Séez, en Haute-Savoie. L’ETA des Cimes a commencé par proposer différentes prestations comme du fanage, du pressage et du TP. Deux ans plus tard, en 2018, le chef d’entreprise a ajouté le semis des zones escarpées à son offre.

« Nous intervenons dans plusieurs cas de figure, par exemple pour semer derrière les chantiers de réfection de piste de ski, de talus routier ou encore de terrassement pur, souligne Roland. Les zones sur lesquelles nous appliquons le couvert fourrager vont ensuite servir de nourriture aux troupeaux qui montent dans les alpages. La semence fourragère est choisie en fonction de l’altitude et du cahier des charges qui nous est donné. » En plus de nourrir les bêtes, le fourrage appliqué sert également à limiter le ruissellement et donc l’érosion en plaquant le couvert au sol. L’hydromulching réduit aussi l’impact visuel et environnemental des différents chantiers.

« Nous chargeons tous les ingrédients en bas des pistes, là où il y a un point pour nous approvisionner en eau. » (©  Paul Denis/GFA)

Une machine pour semer au canon

Fabriqué par l’autrichien Scheier, l’hydroseeder 3P 2500 n’est ni plus ni moins qu’une cuve de 2 500 litres munie d’une pompe et d’un canon. Le sommet de la cuve est alimenté par une grande trappe munie d’un système de défibrage. Ensuite, un malaxeur mécanique à double sens de rotation vient mélanger l’ensemble des produits. Cet outil nécessite un régime de prise de force de 540 tr/min pour entraîner la pompe de 5 bars qui envoie le mélange vers un canon.

Deux distributeurs à double effet sont aussi nécessaires, le premier pour entraîner le malaxeur et le second pour actionner le défibreur. Ces deux éléments voient leurs vitesses varier grâce à un régulateur de débit. L’hydroseeder est monté sur un tracteur Fendt 728. « Ce n’est pas tant pour un besoin de puissance, mais plus pour la stabilité que nous utilisons un gros tracteur avec l’hydroseeder, car nous transportons une matière liquide sur des zones très accidentées. Il est donc impératif que le tracteur possède un empattement, une largeur de voie et une masse corrects afin que l’ensemble soit solidement collé à la pente », précise Roland.

Le tracteur avance au fur et mesure que l’opérateur étale le substrat au canon. (©  Paul Denis/GFA)

Jusqu’à 2 000 m²/h

Avant d’attaquer un chantier, certaines étapes sont indispensables. « Nous commençons en faisant notre mélange à côté d’un point d’eau. Par exemple, sur le chantier à Tignes, une borne est prévue pour les professionnels », explique Roland. Après avoir mis de l’eau, l’entrepreneur et Alix Cote, son salarié, ajoutent par la trappe, tous les ingrédients nécessaires au substrat : la semence, l’engrais et la fibre de bois. Cette dernière passe dans le défibreur afin d’éviter qu’elle ne s’incorpore en un seul bloc.

Le tout, est malaxé dans l’eau grâce à la vis hélicoïdale installée dans le fond de la cuve. Ensuite, de l’eau est encore ajoutée afin que le mélange puisse être projeté facilement. « Nous cherchons la bonne consistance pour que le mélange adhère bien, mais aussi pour ne pas limiter mon débit de chantier qui peut monter à 1,5 ha par jour », indique le chef d’entreprise.

« Nous tirons un tuyau pour aller dans les zones inaccessibles en tracteur. » (©  Paul Denis/GFA)

Deux opérateurs

Pour appliquer le mulch, deux personnes sont nécessaires. Le chauffeur du tracteur se concentre sur la vitesse de rotation de la turbine et fait varier la pression qui sera plus ou moins importante en fonction de la taille du talus. La personne qui manipule le canon s’occupe de répartir le produit sur toute la zone à couvrir. Elle gère également le débit et la projection afin que cette dernière soit le plus uniforme possible.

« Nous intervenons avant que la neige commence à tomber et dans l’idéal quand le temps n’est pas trop humide. Car même si mon substrat adhère bien, en cas de forte pluie, le tout peut ruisseler. » Le canon permettant de projeter le mélange est muni d’une buse qui influence la précision et la forme du jet. « Nous adaptons la buse en fonction de la zone que nous allons semer », expose Roland.

La levée après un mois d'implantation. (©  Paul Denis/GFA)

« Certains points sont plats et très accessibles. Nous visons alors un jet le plus large possible pour couvrir un maximum de surface. Pour les endroits les plus escarpés, nous cherchons à obtenir la portée la plus importante. Si c’est trop loin, nous avons encore la possibilité de brancher un tuyau sur le canon et d’appliquer le couvert avec une lance. Cette dernière méthode impose de rester vigilant, car le tuyau est lourd et encombrant et il existe un vrai risque de glissade. »

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